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Augmentations salariales dans la construction : un impact réel sur l’industrie ou un faux gain pour les travailleurs ?

Photo du rédacteur: Vincent  BernierVincent Bernier

Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Les nouvelles ententes de principes dans l’industrie de la construction apportent des hausses salariales importantes, avec 22 % d’augmentation sur quatre ans dans plusieurs secteurs. Si sur papier ces augmentations semblent être une victoire pour les travailleurs, la réalité économique pourrait être bien différente.


Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les entreprises absorberont simplement ces hausses en refilant la facture aux clients, la dynamique du marché est plus complexe. Dans un contexte où plusieurs donneurs d’ordre n’ont pas les fonds nécessaires pour suivre cette inflation des coûts, les entrepreneurs risquent de perdre des contrats, ce qui pourrait réduire le volume de travail disponible.


Alors que certains travailleurs à l’année bénéficieront pleinement de ces augmentations, d’autres pourraient voir leurs heures diminuer, annulant ainsi les gains espérés sur leur salaire annuel.


Entreprise construction

L’idée reçue : les entrepreneurs absorberont les hausses sans impact

Une perception courante dans l’industrie est que les employeurs vont simplement ajuster leurs prix pour couvrir les hausses salariales, sans que cela n’affecte leurs projets ou leurs profits.


En réalité, plusieurs facteurs rendent cette équation plus compliquée :

  • Certains clients n’ont pas la capacité financière de payer plus cher, ce qui signifie que certains contrats ne verront jamais le jour.

  • Les marges des entrepreneurs ne sont pas infinies. Avec l’augmentation du coût des matériaux et des taux d’intérêt, l’ajout de coûts salariaux devient un fardeau supplémentaire.

  • La compétition sur les appels d’offres est féroce, et plusieurs entrepreneurs devront absorber une partie des hausses salariales eux-mêmes pour rester compétitifs, ce qui réduira leurs marges de profit.


En conséquence, moins de contrats signés signifient moins d'heures travaillées pour les employés.



Une hausse salariale, mais une stabilité d’emploi incertaine

Pour les travailleurs ayant un emploi stable à l’année, cette hausse est une excellente nouvelle. Toutefois, pour ceux qui comptent sur un volume d’heures élevé et sur une bonne rotation des contrats, l’impact pourrait être plus mitigé :

  • Un chantier annulé ou retardé peut signifier plusieurs semaines de travail perdues, annulant ainsi le gain théorique sur le taux horaire.

  • Moins de projets en cours signifie moins de besoins en main-d’œuvre, augmentant la concurrence pour obtenir des heures.

  • Les travailleurs intermittents ou saisonniers pourraient voir leur nombre d’heures annuelles diminuer, réduisant l’impact positif de l’augmentation salariale.


En d’autres termes, un taux horaire plus élevé ne garantit pas un revenu annuel plus élevé si le volume de travail diminue en parallèle.


L’instabilité économique complique encore plus la situation

Au-delà des hausses salariales, l’instabilité économique actuelle met déjà plusieurs entrepreneurs en difficulté, même avant l’application des nouvelles conventions collectives.

  • Les taux d’intérêt élevés rendent le financement des projets plus coûteux, ce qui pousse certains promoteurs et investisseurs à mettre en pause ou annuler des chantiers.

  • L’augmentation du coût des matériaux, combinée aux délais de livraison et aux fluctuations des prix, réduit la capacité des entrepreneurs à soumissionner efficacement sur les contrats.

  • Le ralentissement de l’immobilier résidentiel, en raison du prix élevé des maisons et des coûts de construction, fait en sorte que certains chantiers ne trouvent plus preneur.


Déjà, plusieurs entreprises doivent réviser leur carnet de commandes et annuler des embauches prévues. Avec l’ajout des hausses salariales, ces mêmes entreprises devront prendre des décisions encore plus difficiles, risquant d’accentuer la diminution du nombre de contrats et, par conséquent, du volume d’heures de travail disponibles.


Dans un contexte où plusieurs entrepreneurs peinent déjà à maintenir leur charge de travail, la question n’est plus seulement de savoir combien les travailleurs vont gagner de l’heure, mais bien combien d’heures ils auront réellement à travailler dans les mois à venir.



Les impacts concrets pour les travailleurs et l’industrie

Dans un scénario où plusieurs donneurs d’ordre réduisent leurs investissements en raison de la hausse des coûts, l’industrie pourrait faire face à un ralentissement partiel de l’activité :

  • Moins de contrats signés = moins d'heures disponibles pour les travailleurs.

  • Une pression accrue sur les petites entreprises, qui auront plus de mal à s’aligner sur les nouvelles grilles salariales sans affecter leur rentabilité.

  • Un marché plus compétitif pour les travailleurs, où les heures deviennent plus difficiles à obtenir, sauf pour les postes les plus en demande.


En revanche, certains secteurs comme les projets gouvernementaux et les infrastructures publiques pourraient moins ressentir cet effet, puisqu’ils sont financés par des budgets plus stables et des investissements à long terme.


Entreprise construction

Les projections : un faux gain pour une partie des travailleurs ?

Si l’on compare une année complète de travail avant et après les hausses, voici deux scénarios possibles :

  1. Un travailleur à l’année, sur des projets stables → Il bénéficie pleinement de l’augmentation, avec un revenu annuel supérieur et une meilleure sécurité financière.

  2. Un travailleur dépendant des contrats fluctuants → Il peut voir son nombre d’heures annuelles baisser, et son revenu total rester identique (ou même diminuer), malgré un taux horaire plus élevé.


Exemple de projection :

Avant l’augmentation (situation actuelle)

  • Taux horaire : 40 $

  • Heures travaillées sur l’année : 1 800 h

  • Salaire annuel brut : 72 000 $


Après l’augmentation (première année - +8 % dès la signature)

  • Nouveau taux horaire : 43,20 $

  • Hypothèse : réduction de 11 % des heures travaillées (1 600 h au lieu de 1 800 h)

  • Salaire annuel brut : 69 120 $


Dans ce scénario, la hausse salariale est neutralisée par la réduction du volume de travail, et le travailleur ne voit aucun gain réel.



Une hausse qui dépendra du volume d’heures travaillées Augmentations salariales dans la construction

Les augmentations salariales prévues dans les nouvelles conventions collectives sont une avancée positive pour ceux qui ont un emploi stable et garanti.

Cependant, elles ne profitent pas automatiquement à tous les travailleurs, surtout si le marché se contracte et que les heures travaillées deviennent plus difficiles à obtenir. Augmentations salariales dans la construction


Le véritable enjeu sera de voir comment le marché réagit et si les entrepreneurs réussissent à maintenir un volume de projets suffisant pour absorber ces hausses sans perte de contrats.


Dans les mois à venir, les travailleurs devront rester attentifs non seulement à leur taux horaire, mais aussi au nombre d’heures réellement disponibles sur le marché.


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